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Erase and rewind
Didier Damiani

 

   Avec DECONSTRUCTION, Jonathan Rescigno procède à une déconstruction visuelle filmique d’une réalité sociale dure et abrupte, naufrage contemporain provoqué par l’empreinte de l’homme sur son temps et son environnement industriel. A travers cette oeuvre à la fois esthétique mais aussi importante dans son rôle de témoin et d’ enregistreur du visible qui en dénote les mutations, imperfections et omissions, tout comme l’aurait fait Jacques Derrida pour l’élément discursif textuel, Jonathan Rescigno analyse les structures sédimentées formant et déformant les transformations et formations d’un paysage urbain du nord de l’Europe à travers le temps. Une captation de la mémoire d’une région, aussi autobiographique que collective, car aussi bien personnelle qu’à valeur de patrimoine commun. Le témoin conserve d’ailleurs un rôle important dans ce document d’archives immanentes.

 

   La narration de DECONSTRUCTION fragmentée en quatre segments, se déroule tout comme le temps passe, l’aspect du refuge humain évolue, une cité d’habitations fantôme disparaît du champ de vision (Destination Lune). Sur les traces du passé, du vide, entre destitution,  destruction et déconstruction, des souvenirs intimes, de famille, s’entrechoquent et transportent le témoin d’image en image à travers les générations, à travers des voyages temporels, présences dévoilées par les absences, vers un site invisible, d’un état extra-terrestre. Rêve brisé, tout fini par s’envoler. Un ancien site minier devenu désert de béton en décrépitude est sculpté, retapé comme pour une opération de chirurgie esthétique, palliatif à l’effacement terrestre et au vieillissement (Houve), symbole de renouveau utilitaire. Mais ce renouveau est souvent illusoire, dérisoire, plonge dans la fiction, où la réalité n’est plus perceptible, et où des créatures monstrueuses dévoreuses d’espace et de temps détruisent tout sur leur passage (Le Langolier).

 

   C’est cet effacement du visible, de la réalité que DECONSTRUCTION, au titre volontairement massif, inaltérable, imprime de manière permanente sur le négatif, maintient durablement, mais c’est aussi, la renaissance qui s’ensuit, après la rupture, une nouvelle éclosion, possible amélioration, possible progression, rêve persistant. Vu de la chambre d’un enfant, le dynamitage d’un puits de mine est enregistré en vitesse accélérée sur plusieurs jours (Simon5). L’enfant apprend ses tables, durablement il les retient, jusqu’à les connaître finalement par coeur.

 

 

 

 

 

 

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